• Sublimes salopes (épisode 2 / regards)

    Avant de poursuivre le récit de mes tribulations avec « A. », je voudrais d'abord vous entretenir d'un mythe fâcheux, il est toujours sain de débiner les mythes... Ce mythe c'est celui du « regard de salope » souvent utilisé par les auteurs de fictions, notamment érotiques, et moult fois repris dans la vie courante par tous et toutes pour qualifier un regard féminin luisant de concupiscence, éventuellement associé à une expression faciale friponne et explicitement sensuelle. Alors attention : certes, des femmes ont recours à ce regard mais ce ne sont pas des salopes, en fait ce fameux sourire, je l'attribuerais à deux catégories de nanas : les pouffes et les « torpilles ».
    Une pouffe est une femme qui est dans une logique de prostitution, soit en étant effectivement une prostituée de métier, soit, d'une manière générale, en usant du sexe pour servir leurs intérêts d'ordre matériel, à l'exemple de celle qui couche avec un chef pour bénéficier d'une promotion canapé ou encore de la « femme entretenue » qui choisit ses partenaires en fonction de leur compte en banque.
    La torpille, elle, est un cas particulièrement horripilant, mais qui en même temps inspire de la compassion. C'est une midinette pas très futée, assez vulgaire et qui croit dur comme fer au prince charmant, à cette âme sœur qui l'attend quelque part et dont elle a, dans son esprit, une image bien arrêtée. La torpille a un double problème : d'abord celui de croire à son conte de fées, ce qui est déjà assez préoccupant en soi, et ensuite que cette croyance l'aveugle et l'empêche d'avoir une connaissance des hommes qui ne soit pas superficielle. La torpille s'intéresse essentiellement aux beaux gosses (un prince charmant est toujours beau et séduisant !) et dès qu'elle en voit un, son cerveau opère un court-circuit qui attribue à l'apollon les traits de personnalité de son homme idéal, elle se lance donc, faisant fi de toute subtilité, bille-en-tête dans une opération de rentre-dedans d'où mon choix de l'appeler « torpille ». Mais le propre d'une torpille est qu'elle explose : la femme torpille va de déception en déception, pour deux raisons simple, d'abord que son prince charmant n'existe pas et ensuite parce qu'en jetant son dévolu systématiquement sur des hommes physiquement séduisants, en prenant ouvertement les devants, elle commet la pire bêtise qu'une femme puisse faire dans sa vie amoureuse : le beau mec, à l'instar de sa contrepartie féminine, le canon, a un ego hypertrophié et qui se nourrit, tel le vampire du sang de ses victimes, de l'attirance qu'il suscite chez la gent féminine. Il y a bien évidemment des exceptions : certains beaux mecs savent aller au-delà de leur apparence physique et résister à cette tentation de vampirisation. Néanmoins, le phénomène est valable la plupart du temps. La seule manière raisonnable de conquérir un beau mec est de le pousser à faire le premier pas et lui résister suffisamment longtemps pour que son ego se dégonfle un peu, sinon vous êtes foutue. Cette réalité-là, nonobstant s longue et douloureuse expérience, la torpille est tout simplement incapable de la saisir ni, a fortiori, de la retenir. Elle se jette dans les bras de beaux mecs vampires avec à chaque fois la conviction inébranlable que « cette fois c'est la bonne », mais ça ne l'est, hélas, jamais.
    Donc, méfiez-vous du soi-disant « regard de salope » il est annonciateur d'une potentielle catastrophe, voire double catastrophe car en plus il existe des « Pouffes-torpilles », le nec plus ultra de l'humanisme à la dérive.
    Mais alors, me demanderiez-vous, à quoi reconnaït-on une salope ? Eh bien, vous allez être déçus : il n'y pas de signe extérieur évident pour identifier une salope. Comme je vous le disais la fois précédente, la salope avance masquée, le plus souvent, elle fait tout pour apparaître comme une femme ordinaire.
    Il est extrêmement rare qu'une salope prenne ouvertement les devants dans le jeu de la séduction. En revanche elle dispose souvent de ressorts insoupçonnés pour manipuler un homme afin de le conduire à la draguer. Il faut d'ailleurs noter que cela n'est pas l'apanage des salopes. Il s'agit en fait de techniques relativement classiques assez proches de la PNL. J'appellerais cela la « séduction récursive » (cherchez pas, je viens de l'inventer...) : par opposition à la séduction simple (X séduit Y) qui engage un rapport de forces, la séduction récursive vise à donner à la cible le désir de séduire l'émetteur. Cela recourt au contact tactile et/ou oculaire, ainsi qu'au rire. Dans le schéma de la séduction classique, par exemple, on dit souvent qu'un homme qui réussit à faire rire sa cible a fait une grande partie du chemin (ce qui est assez vrai), dans la séduction récursive, la femme se montre rieuse, de sorte à nourrir chez l'homme l'envie de la faire rire encore.
    Dans la conversation, la salope utilise une approche masculine qui consiste à faire parler l'autre de lui-même. Mais ici encore, le fait d'avoir cette approche ne qualifie pas forcément la salope.

    Mon total manque de présence d'esprit sur les visées sous-jacentes au comportement d'A. s'expliquait, je le répète, par une espèce de dissonance cognitive dont j'étais victime : j'avais de A. l'image d'une femme hyper-sérieuse « bien sous tous rapports », comme on dit. Qui plus est, elle était l'épouse d'un de mes meilleurs amis, il ne m'effleurait pas un instant de la considérer comme toute belle nana susceptible de partager avec moi des moments coquins... Pour cette raison, A. se trouvait face à une situation peu habituelle où elle devait un tant soit peu « sortir du bois ».
    Elle le fit à l'occasion d'un « Zouk-love » (c'était en vogue à l'époque!) opportunément diffusé par le DJ. Sans l'ombre d 'une hésitation, A. s'accrocha à mon cou me signifiant sa volonté de danser « collé-collée ». A. avait cette faculté, que j'allais retrouver plus tard chez toutes les salopes qu'il m'a été donné de croiser, de mettre une charge érotique très intense dans tout contact physique. C'est un truc que j'ai toujours du mal à m'expliquer très précisément ; il me semble que c'est une manière d'abandon. À titre d'exemple, une salope posant sa main sur votre avant-bras le fait d'une façon très particulière : sans appuyer ostensiblement, elle laisse juste peser sa main de sa masse naturelle. C'est par un procédé similaire que A. laissait aller son corps contre le mien sur la piste de danse. Alors qu'une « chaude » ou une pouffe va délibérément accentuer les frotti-frotta, la salope laisse juste agir les lois de la mécanique ; elle n'allume pas de manière aggressive, mais l'efficacité est maximale. Pourquoi? Eh bien parce qu'elle n'use pas d'un érotisme exclusivement charnel : la suggestion d'abandon a un impact qui relève du psychique plutôt que du physique ; elle signifie quelque chose comme « je suis en confiance avec toi, je sais que je n'ai pas besoin d'en faire plus pour que tu comprennes mon désir et pour éveiller le tien. »
    C'est à ce moment là qu'enfin je réalisai qu'il était en train de se passer quelque chose de pas ordinaire. Pour tout dire j'étais brusquement chaud-bouillant de désir, je cherchai le regard de A. dont la tête reposait, indolente sur mon épaule. Elle leva son visage qu'ornait un sourire franc et doux. Elle colla furtivement sa bouche sur ma bouche.

    (à suivre)


  • Commentaires

    1
    arf
    Mercredi 18 Avril 2007 à 21:18
    ça
    trépigne d'impatience et quand la suite -tant attendue- arrive, y'a plus personne. pfffff. intéressant ton développement, immonde. tu m'as l'air d'avoir une sacrée expérience.
    2
    dentifricegirl
    Mercredi 18 Avril 2007 à 21:41
    c'est
    un truc de fou comme ta description des salopes me va bien. La PNL hein ? Je l'ai apprise en cours ;-) Donc tu te l'ai tapée la fille ou t'as eu un sursaut de conscience avant ???
    3
    ar
    Lundi 23 Avril 2007 à 22:41
    bah
    voila ar c'est moi, tu as un blème??????
    4
    Mardi 24 Avril 2007 à 21:24
    Merde,
    grillée !
    5
    Jeudi 26 Avril 2007 à 05:50
    Salut ar
    Au debut j'avais pas compris ton comm mais apres un passage chez DTFG je vois. Le "immonde" qui t'a insultee n'a rien a voir avec moi. En ce qui me concerne je connais ton blog depuis bien longtemps et je t'aime bien, j'aime bien l'emotion que tu degages dans ce blog. Amities.
    6
    Jeudi 26 Avril 2007 à 13:16
    @Lillysback
    Quoi "Merde, grilee!" te reconnaitrais-tu dans ma description de la salope?
    7
    Lilly
    Jeudi 26 Avril 2007 à 18:47
    ...
    qui sait...
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